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Après quelque temps de pratique régulière de l’équitation, de nombreux cavaliers rêvent d’acquérir un cheval bien à eux. Il est évidemment nécessaire de bien réfléchir en amont, car l’engagement et l’investissement sont importants, tant au niveau financier qu’au niveau temps.

Financièrement, il faut envisager les frais de « logement » (que l’on possède un box/un pré ou qu’on loue à l’année), de ferrure, d’alimentation, de santé : antiparasitaires, vaccins, sans oublier d’éventuels coups durs lorsque l’animal est malade ; à titre d’exemple, une chirurgie orthopédique ou pour coliques peut vite monter à plusieurs milliers d’euros !

Au niveau temps, il faut s’occuper de son cheval tous les jours, quelle que soit la météo, quelles que soient la fatigue ou les contraintes professionnelles ; ou alors, il faut déléguer, mais cela a un coût...

Lors du choix et de la décision d’achat, il sera préférable de se faire accompagner et aider par quelqu’un qui s’y connaît bien dans ce domaine, car malheureusement, il existe beaucoup de tromperies et d’arnaques dans la vente des chevaux.

Selon les objectifs, on pourra acheter son cheval dans un élevage (si on souhaite faire de la reproduction ou des compétitions), dans un club hippique (par exemple si on s’est attaché à un animal en particulier), chez un particulier, chez un marchand de chevaux...

En tout état de cause, il conviendra d’être très vigilant, de demander à « essayer » le cheval, l’observer dedans, en extérieur, en mouvement, etc...

 

C’est pourquoi la visite d’achat du cheval par un vétérinaire équin est essentielle ; réalisée avant la signature définitive d’achat, elle protège légalement contre certains vices rédhibitoires* répertoriés.

La visite d’achat permet de faire un « état des lieux » de l’animal au jour de l’examen. Le vétérinaire cherchera à dépister des pathologies présentes, ou susceptibles d’apparaître dans un avenir plus ou moins proche, par exemple début d’arthrose qui risque d’occasionner ultérieurement des boiteries, souffle cardiaque, etc... On parlera de facteurs de risque, et on vérifiera l’adéquation entre l’état de santé du cheval et l’usage que l’on souhaite en faire : les exigences ne sont pas tout à fait les mêmes si l’on pratique l’équitation de loisir ou la compétition de haut niveau ! C’est donc l’acheteur qui aura le dernier mot, mais son choix doit être convenablement éclairé.

 

 

Comment se déroule une visite d’achat pour un cheval ?

 

L’examen d’un cheval pour une visite d’achat par un vétérinaire spécialiste équin représente un certain coût, notamment si des examens complémentaires sont prescrits. Les modalités de prise en charge dépendent de l‘accord passé avec le vendeur ; par exemple, si le cheval est apte pour l’objectif fixé, l’acheteur paie la consultation. Si finalement l’animal est inapte, c’est le vendeur qui prend en charge les frais, ou alors il peut être décidé d’emblée que les frais seront partagés.

 

En premier lieu, le vendeur doit fournir à l’acheteur potentiel les papiers du cheval : il doit lui remettre :

 

• Le livret signalétique (également appelé document d’accompagnement du cheval), qui contient les origines, le signalement détaillé et les certificats de vaccination.

 

• La carte de propriété ou carte d’immatriculation, qui garantit entre autres que le vendeur est bien le propriétaire du cheval. Le nom de l’acheteur sera inscrit sur ce document une fois la transaction réalisée.

 

• Le vétérinaire peut alors procéder aux différentes étapes de la visite d’achat. L’ordre n’est pas immuable et dépend des praticiens, mais l’ensemble des examens devra être effectué.

 

♦ Tout d’abord, le vétérinaire vérifie l’identité du cheval, à la fois à l’aide du signalement détaillé dans le livret, et du lecteur de puce électronique. Il vérifie aussi que le cheval est correctement vacciné, et enregistré au SIRE**.

♦ Puis le vétérinaire procède à l’examen général complet de l’animal : auscultation cardiaque, pulmonaire, état des muqueuses, palpation des jugulaires, des ganglions, vérification de la température, de la dentition, des yeux, de la peau ; par exemple il pourra signaler une petite verrue, car certaines peuvent dégénérer et se transformer en sarcoïdes...

♦ Vient ensuite le temps de l’examen orthopédique, d’abord à l’arrêt, puis en mouvement. L’objectif est d’observer les aplombs, de rechercher d’éventuelles tares, déformations, gonflements localisés.

→ Pendant l’examen statique, le vétérinaire peut pratiquer toute une série de tests, par exemple :

- Test des pieds avec une pince, afin de détecter une sensibilité ou une éventuelle maladie naviculaire

- Tests de flexion et d’extension des articulations, visant à vérifier la bonne mobilité de celles-ci et l’absence de douleur

- Tests de mobilité de la rotule

- Vérification de la souplesse de la colonne, palpation de l’ensemble des vertèbres (recherche de douleur, de chaleur)

→ L’examen orthopédique dynamique est pratiqué aux trois allures, en ligne droite, sur des cercles, sur sol mou et/ou dur, afin de repérer d’éventuelles boiteries.

Le vétérinaire regarde d’abord le cheval trotter en ligne droite sur sol dur (aller/retour), puis refait les tests de flexion en gardant chaque articulation fléchie 1 min. Le cheval repart au trot juste après. Si l’allure est identique avant et après flexion, le test et négatif. S’il est positif, alors il existe un problème sur l’articulation testée ou les structures adjacentes.

Ensuite, le cheval est observé sur un cercle, aux deux mains successivement, sur sol dur pour détecter les problèmes articulaires, osseux ou des pieds, puis sur sol mou pour déceler des problèmes musculaires ou tendineux.

Enfin, on fera faire un huit au cheval sur sol dur, pour tester les rotules (voir si elles accrochent ou pas).

♦ L’examen général de l’animal permet aussi au vétérinaire d’évaluer en parallèle son comportement ; voir s’il est difficile, craintif, etc...

 

Les examens complémentaires

 

Au-delà de l’examen « de base », des examens complémentaires peuvent être pratiqués ; le facteur limitant étant le coût, ils seront choisis selon la destination de l’animal, et le praticien établira au préalable un devis.

 

♦ Les radiographies

Selon les besoins, et les conseils du vétérinaire, il sera possible de faire un bilan radio complet, ou uniquement un ou deux clichés plus ciblés en cas de doute sur une articulation précise.

♦ La prise de sang

Obligatoire en cas d’exportation ; on peut aussi demander une recherche de produits dopants si nécessaire.

♦ La fibroscopie

Cet examen permet de vérifier les voies respiratoires supérieures et le larynx, ou d’explorer une suspicion de cornage.

♦ Les échographies

Elles sont une aide précieuse pour vérifier l’aspect des tendons du cheval, mais ne sont pas demandées de façon systématique.

Une échographie des ovaires peut être intéressante pour une future poulinière.

 

 

Après la visite d’achat, le vétérinaire pourra émettre un avis sur l’achat du cheval, selon son utilisation prévue.

 

*certaines pathologies, appelées vices rédhibitoires, peuvent faire annuler la vente dans un délai de 10 à 30 jours maximum selon les pathologies (article R213-1 du Code Rural).

Ils sont au nombre de 7 : immobilité ; tics proprement dits avec ou sans usure des dents ; emphysème pulmonaire ; boiteries intermittentes anciennes ; uvéite isolée (inflammation de l’uvée, partie intermédiaire pigmentaire de l’œil) ; cornage chronique (bruit des chevaux poussifs lorsqu’ils sont en mouvement) ; anémie infectieuse.

 

** SIRE = Système d’Information Relatif aux Équidés = fichier central référençant les données relatives aux équidés présents sur le territoire français

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

14/06/2021